Aujourd’hui, je vous apporte encore un autre témoignage très détaillé d’une jeune étudiante chinoise en médecine qui a réussi vaincre le covid-19. Son regard sur cette période difficile lors de son hospitalisation est très intéressant car elle a su utiliser ses connaissances médicales apprises à l’université.
Lin est rentrée dans son village natal quelques jours avant la mise en quarantaine de Wuhan (l’épicentre du coronavirus en Chine). Quatre jours après son retour, elle a eu une fièvre de 38 degrés, elle avait le sentiment d’avoir froid et des courbatures aux muscles. Elle a craché et a constaté que le crachat était mousseux. Immédiatement, elle s’est dit qu’elle était peut-être affectée par le coronavirus. Elle a scellé la poubelle où il y avait le crachat, a aussitôt porté un masque et a demandé à ses parents et ses voisins de faire de même.
Contrairement aux malades résidant à Wuhan qui n’ont pas pu trouver de lits au début de la quarantaine à cause de l’afflux de malades, Lin a eu la chance d’avoir accès tout de suite aux soins. En effet, elle était la première malade du coronavirus de son village. Elle a pu faire rapidement les examens nécessaires : la radio des poumons et la prise de sang. Cette dernière a indiqué que son niveau de transaminase n’était pas normal, qu’il y avait une baisse du nombre de cellules immunitaires, les globules blancs étant presque réduits à 0. Le dépistage au coronavirus du lendemain a confirmé son doute : elle était malade du coronavirus.
Elle a eu des transfusions et des médicaments anti-inflammatoires. Cependant, elle gardait en tête que comme il s’agissait d’un problème immunitaire, les médicaments n’étaient là que pour aider son corps à lutter et que le remède le plus important était en effet son propre corps et sa conviction.
Elle avait tout le temps soif et pouvait boire une dizaine de verre d’eau par jour (équivalent de 3 litres) et ne sentait pas forcément le besoin d’aller aux toilettes jusqu’à ce qu’elle y soit. Elle estimait que sa vessie avait perdu sa sensibilité.
Le deuxième jour de son hospitalisation, elle se senti en détresse respiratoire à partir de minuit. Elle a palpé son cœur et a constaté qu’il battait au ralenti. Au niveau du cou, elle ne sentait presque pas de pulsation. Cela faisait « tcha tcha » et non pas « tong tong » comme pour les gens normaux.
Elle a réalisé qu’elle commençait à manquer d’oxygène. « Il ne faut pas paniquer » se dit-elle car la panique fait consommer encore plus d’oxygène. Elle a appelé à l’aide l’aide- soignant et on lui a apporté une bouteille d’oxygène.
« Il ne faut pas je dorme, sinon je vais oublier de respirer spontanément. Il ne faut pas que je m’allonge non plus sinon ça comprime les poumons. Il faut mettre la tête sur la tête de lit et garder 100 degrés entre les jambes et le corps »
« Avant que les médecins n’arrivent, je respirais au mieux grâce à la bouteille d’oxygène, j’essayais de bouger mes quatre membres en espérant de pouvoir les réchauffer »
« Le médecin est arrivé et m’a encouragé. On a préparé en même temps un petit enregistrement dans lequel j’adressais mes derniers mots à ma famille »
« Deux ou trois heures plus tard, mes mains et pieds ont commencé à se réchauffer mettant ainsi fin à l’agonie. Ma température était de 39 degrés. Je me suis dit que c’était un bon signe car cela prouvait que mon système immunitaire avait tenu le coup et continuait à combattre. »
« Sur mon carnet de santé, le médecin a finalement noté « cas bénin « . Le quatrième jour, la température corporelle était de 37 degrés. L’aide-soignant est passé refaire une prise de sang et m’a félicité. J’avais les larmes aux yeux, après plusieurs jours de combat, je savais que j’étais enfin hors de danger et j’ai eu très envi de prendre une bonne douche ! »
« La nouvelle radio pulmonaire a montré que leur état s’était beaucoup amélioré et qu’il n’y avait presque plus de symptômes inflammatoires. Je continuais à recevoir la thérapie immunoglobuline par voie intraveineuse. Selon le médecin, cela permettait à mon système immunitaire de regagner son efficacité durant ma convalescence ».
« Je remercie à tous les médecins et aide soignants qui ont tout donné pour m’éloigner de la mort. Ce sont les vrais soldats. Je ne suis qu’un être humain ordinaire ».